Fatiha Bouinoual, danseuse de la génération des Tractions Avant des premières heures, a quitté la terre et ses bruits pour aller la rencontre du corps des étoiles, celui d’avant la vie humaine.
Danseuse à part et à part entière, Fatiha entremêlera subtilement la danse Hip-hop à la danse traditionnelle d’Afrique de l’ouest avec une certaine poésie qui la rendait inclassable. « C’est parce que l’ombre existe que la lumière se répand », et c’est la raison pour laquelle elle était notre « Sun Ra » (déesse du soleil) dans la création danse « Un break à Tokyo » en 1989 où le Hip-hop va à la rencontre du Butô Japonais. Cependant, c’était dans sa nature d’être lumineuse et tenace. Fatiha était une danseuse du défi. Elle incarne l’émancipation d’une Femme dans un monde d’hommes, et à l’époque où les stéréotypes de la danseuse sont extrêmement sélectifs, c’était encore un triple combat : être femme, noire et musulmane. Mais Fatiha n’a jamais lâché l’affaire et par conséquent elle fut en première ligne de front avec d’autres sœurs d’âmes des premières heures du Hip-hop en France à transgresser les normes et ouvrir la voie à toute une génération de danseuses en quête de liberté et d’affirmation de soi.
Sa petite voix douce va nous manquer… beau voyage petite sœur.